Bernadette Gosset

Sur la blancheur silencieuse de la toile, j’inscris mes premières traces :
des gestes spontanés, des élans de couleur, des lignes posées dans l’urgence du vivant. Puis vient le travail de sédimentation et d’effacement : je gratte, j’ôte, je frotte, je superpose à nouveau, je construis et déconstruis, conservant certains fragments, en métamorphosant d’autres, dans une quête constante d’équilibre entre maîtrise et abandon.

Je m’efforce de préserver une forme d’innocence dans le geste, laissant la composition ouverte, poreuse, capable d’accueillir les projections intimes de chacun.
Qu’il s’agisse d’un lieu rêvé, d’une image intérieure, ou d’un simple élan de contemplation pure, l’œuvre invite à l’interprétation plutôt qu’elle n’impose un récit.
Dans ma démarche, j’explore sans cesse…
Afin de saisir l’insaisissable : la lumière qui glisse, la matière qui vibre.
Je cherche à fondre les couleurs , à ouvrir des passages subtils entre elles, comme on effleure les frontières entre le visible et l’imaginé.Mes outils sont multiples, mes matériaux mêlés :
brou de noix, pastels, pigments, cendres, enduits, acryliques, vernis…

Autant de matières premières que je façonne en couches successives, afin de vérifier des transparences, des profondeurs mouvantes, où le hasard lui-même devient complice.
Outre les pinceaux, couteaux, spalters, carte rigides ou le contact direct de mes doigts, j’intègre parfois l’usage du décapeur thermique.

Instrument de transformation, il insuffle à la surface du tableau des effets de craquelure, les marques de vieillissement, des textures imprévues… Comme si le temps, lui aussi, venait y laisser son empreinte.

 

Bernadette Gosset espose dans l’ancienne salle de classe du 1 au 12 juillet 2025.